Je viens de retrouver une communication que j'avais faite en 1991 alors que j'étais mandaté par la Société Française d'Ethnomusicologie pour la mise sur pied et la rédaction d'un "Répertoire des institutions et ressources" de l'ethnomusicologie en Europe (Muller Edition, 1992). Le boulot était éreintant. Les réunions au Musée de l'Homme se multipliaient comme des petits pains, sans doute comme dans toutes les sociétés savantes ... Les distingués collègues ne captaient pratiquement rien - à cette époque tout du moins - à l'informatique et il m'était difficile de concevoir cette satanée base de données par rapport à leurs suggestions de rubriques, redondantes et non pensées pour l'informatique. Nous étions tous assis autour d'une immense table de réunion. Dans mon souvenir, cette inter minable réunion était pesante, formelle, à la limite du compassé. Pour faire court, envie de grenade à fragmentation. Je me souviens m'être levé solennellement et leur avoir lu mon papier, d'un air aussi digne que possible. J'ai encore souvenance de l'étonnement sur leurs visages. Le même que celui des gens quand ils me voient avec mes horribles fausses dents, dans le RER. J'étais exorcisé, vengé.
Messieurs,
Si je me suis permis de déranger le Directors Board à cette heure plus propice à l'ingestion de denrées comestibles décemment arrosées qu'à une indigestion de données informatiques - si justement appelées par moi-même lors de notre dernière rencontre « vivier à merde », c'est que l'heure est grave, très grave et, à cette occasion, vous me permettrez, j'espère, de saluer avec respect, cet immense sacrifice que cette période déchirante ... il faut bien le dire ... impose.
Je ne vous narrerai point les erreurs du passé par trop présentes à nos esprits meurtris. Soyons braves. Ne villipendons pas nos abjects adversaires - cela ne servirait qu'à nous rapprocher de leur état de rampants ... Ignorant l'insulte mensongère, passons sereinement notre chemin, comme un pick pocket devant un nudiste. En bref, tirons la chasse d'un geste décisif et pur ... pour évacuer à tout jamais la flasque substance qui n'empoisonna que trop longtemps nos coeurs déchirés.
Ne croyez pas, Messieurs, que cette simple adresse me procure un plaisir qui ma foi - serait aussi malsain que malevenu. Au contraire, sachons regarder la vérité en face:
Là où Moutal passe, la rubrique trépasse.
Je pense pouvoir vous en apporter preuve au delà de l'ombre du doute:
Bien sûr, me dira-t-on (mais n'en ais-je pas l'habitude?), «Vous euthanasiez ... sans souci d'équité ...» A ceux-là, sombres mécréants, je répondrai seulement: « Certes, mais pas n'importe comment». Je poursuivrai alors en expliquant « Comme une femme - pourvue par la Nature Miraculeuse d'une paire de nichons défiant toute concurrence - dont on se voit contraint - pour des raisons d'économie de place dans les transports en commun - de comprimer les dites généreuses protubérances organiques dans des portes valoches double vitrage, j'ai été amené à comprimer les rubriques pour ne pas exploser le fichier. Certes, il y eu quelques pertes. Minimes, mais il y en eu ... L'armée n'en a-t-elle pas? Ma soeur n'en a-t-elle pas ? Les pertes sèches n'existent-elles pas ? La belle à faire ... Vous serez d'accord avec moi, je pense, quand je dis qu'il fallait mieux pratiquer l'ablation de quelques bénignes rubriques que de faire un frichier de ce fichier qui, décidemment, nous aura tant fait chier. De l'explosion non orgasmologique, j'ai su donc réduire les dommages à quelques pertes urbées.
Pourtant, les problèmes à élucider demeurent, hélas, encore trop nombreux. Reste en effet à créer une application performante dont les différentes feuilles de style, les recherches et les tris, seront fonctionnels & opérationnels ... La réduction demandera une mise en texte de plusieurs rubriques lors de la saisie. Saisie rendue encore plus mal aisée du fait de la mauvaise écriture manuscripte d'un grand nombre de fiches ... à la frontière de l'illisibilité totale. A croire que les docteurs en ethnomusicologie ont au moins cela de commun avec les docteurs de médecine.
Messieurs, Chers et honorés Confrères, permettez-moi de terminer cette succinte adresse sur une timide mais valeureuse note d'espoir.
Peut être parviendrais-je, avec l'aide de D et de ses Seins, à réaliser un masque de saisie, peut-être pouvons-nous espérer que ma sagacité légendaire saura venir à bout de l'illisibilité de certains questionnaires, que le glissement sur traitement de texte se passera sans trop de pertes pour qu'enfin je puisse substituer la branle du gland à la sonnerie du glas.
Merci de votre attention.